Dans notre précédent billet, nous évoquions le caractère passionné de l'équipe de manipulateurs radio de l'hôpital. Intéressés par les bienfaits des plantes (parmi eux, Sandra Conan a d'ailleurs suivi une formation en phytothérapie), ils sont surtout très investis globalement dans l'amélioration de l'accueil des patients et dans la recherche de solutions pour leur offrir plus de confort et favoriser leur bien-être. 

Une affiche pour détecter les non-dits 

L'événement Octobre rose, qui, comme son nom l'indique, aura lieu en octobre, est une campagne annuelle de communication destinée à sensibiliser au dépistage du cancer du sein féminin et à récolter des fonds pour la recherche. A cette occasion et pour la première fois, la ville de Quimper, à l'initiative de Pascale Charrier et Mélanie Bauchais, organiser la Kemper'Ose, une course solidaire 100% féminine. Place Saint-Corentin, un village prévention avec des professionnels de santé, des ateliers d’autopalpation, des animations, etc., ouvrira ses portes dès 9 h avant le départ de la KempeR’Ose. L'équipe des manipulateurs radio y participera à titre bénévole. Elle présentera à cette occasion une affiche de leur création.  Cette affiche sera également présentée lors de la journée Octobre rose organisée par le CH Douarnenez. L'équipe radio y sera doublement présente, avec un stand autour de la mammographie, tenue par l'équipe, qui présentera le projet et son aboutissement, et un stand tenu par Sandra Conan, autour de la phytothérapie. 

Au-delà  de cette participation bénévole, ils ont réfléchi à la façon dont ils pourraient, dans leur service, faire d’octobre rose un tremplin pour faire évoluer leurs pratiques.

Le projet Octobre rose 

 Sandra, particulièrement investie dans le projet, et Pascal Moal, deux des huit manipulateurs radio présents sur l’hôpital de Douarnenez, nous ont exposé les grandes lignes du projet.

Ensemble, ils ont conçu un questionnaire de 21 questions ouvertes autour de la mammographie,  qu’ils proposent maintenant à toutes leurs patientes, afin de mieux comprendre leur  rapport à cet examen de dépistage objet de beaucoup de craintes, mais aussi d’a priori.

boîteLe but : recueillir le ressenti des femmes qui viennent au dépistage, analyser leur vécu par rapport à la mammographie et, par ce biais, détecter les vérités derrière beaucoup de "on dit" (« ça fait mal », « les hommes ne devraient pas faire passer cet examen », etc.). Cela devrait permettre de lever quelques fausses idées que les gens se font sur le dépistage, mais aussi de mettre en relief ce que cet examen, tel qu'il se déroule actuellement, peut avoir de déplaisant pour les femmes dépistées à l'hôpital. Il ne s'agira surtout pas de nier ni les a priori, ni les ressentis subjectifs, mais de rationaliser cette matière, de clarifier le tableau pour une meilleure connaissance des femmes face à la mammographie. L'analyse des résultats de l'enquête servira à mettre au point une affiche qui se voudra informative, objective, "photographie" nécessaire de sensibilités qui, elles, sont difficilement palpables.  Du côté des femmes, cela pourrait soulager les consciences, libérer la parole et renforcer les solidarités. Du côté des manipulateurs radio, ce sera dans tous les cas une base de travail pour faire évoluer les pratiques.

Dynamique et passionnée, l'équipe s'applique à prendre du recul et à favoriser une constante remise en question, et c'est pourquoi elle a jugé utile de ne pas se fier à ses propres impressions pour progresser, mais de convoquer au contraire les regards de l'autre côté du miroir. 

On ne doit pas se dire qu'on a bien fait son travail parce qu'on a correctement effectué les mammographies. Et vice versa. Nous sommes là aussi pour apprendre aux gens à mieux prendre soin d'eux. Le dépistage, c'est une chose. Mais l'essentiel, c'est ce qui se passe entre les dépistages. De bons résultats, ça ne veut pas dire qu'on n'a rien à changer dans son mode de vie, qu'on n'a pas des efforts à faire pour mieux se protéger au quotidien. 

Pascal Moal en est convaincu : l'évolution des pratiques côté manipulateurs radio peut avoir un impact sur le comportement des femmes et générer des prises de conscience salutaires. 

Rendre les femmes plus actrices de leur santé, plus concernées, c'est d'abord les aider à en parler, à lever les tabous, à mieux gérer émotions et peurs enfouies. D'ores et déjà, la salle où se déroule les mammographies a été repensée pour améliorer le confort des patientes, et favoriser la relaxation, mais Sandra Conan en a la conviction : il y a possibilité de faire mieux, et c'est ensemble que patients et soignants y parviendront. 

manip